Tout sur la stratégie Linux de Novell

Dans le monde Linux, les choix de Novell tranchent nettement avec ceux de son concurrent, Red Hat. Les distributions proposées couvrent de multiples marchés à partir d’une même souche technique, la SLE

openSUSE : la dimension communautaire de Novell

Pour Novell, l’openSUSE est une petite révolution. Il n’a pas été facile de créer une version desktop ouverte et gratuite de la SUSE, alors même que le modèle commercial prédominait jusqu’alors.

Aujourd’hui, le pari semble en passe d’être réussi, une communauté de développeurs s’étant formée autour de cette distribution Linux. La création récente de l’openSUSE Marketing Team permettra de mettre en avant ce système d’exploitation et de lui assurer une large visibilité au sein de la communauté.

L’openSUSE arrivera en version 11 le 19 juin prochain. Quoique Novell ne souhaite pas prendre de risque en y intégrant des éléments instables, l’openSUSE sert d’incubateur pour les nouvelles technologies, qui seront éventuellement intégrées par la suite dans la SLE.

La différence entre l’openSUSE et la SLE réside dans la philosophie de développement. L’openSUSE, avec son rythme de sortie d’environ 18 mois, va définitivement de l’avant, sans regarder en arrière. À contrario, la SLE, avec une durée de vie de sept ans, suppose un effort de backporting (intégration des corrections de bogues dans des versions anciennes des logiciels) et de consolidation important de la part de Novell.

Le Build Service permet aux développeurs tiers de créer des paquetages pour l’openSUSE, mais aussi la SLE et les distributions Linux des concurrents (Debian, Fedora, Mandriva, Red Hat Enterprise Linux, Ubuntu…). L’initiative est excellente. C’est aussi un bon moyen d’augmenter le nombre de logiciels disponibles pour les systèmes d’exploitation créés par Novell.

Repenser le bureau…

Le recrutement de ténors du monde desktop, issus de Gnome ou Ximian, permet à la société de proposer des innovations en terme d’interface. Le but est d’améliorer l’interface homme/machine. Le projet Better Desktop a permis ainsi de concevoir le nouveau menu des distributions Linux de Novell.

La compagnie travaille également beaucoup autour d’OpenOffice.org, en offrant une version spécifique, la « Novell Edition ». Le projet Go-OO offre une version revisitée d’OpenOffice.org 2.4, d’ores et déjà capable de relire les fichiers au format OOXML (Office OpenXML). Elle intègre également un jeu d’icônes de qualité, un support des macros VBA Excel, et des filtres d’import pour les formats SVG, Works, etc.

Une équipe de plus de vingt personnes travaille sur ce projet. Elle a participé à hauteur de 64% à la correction des bogues de ce logiciel en 2007, faisant de Novell le second contributeur d’OpenOffice.org, après Sun.

Certes, certaines de ces fonctionnalités seront présentes dans OpenOffice.org 3.0, mais cette version ne sera pas forcément disponible pour les distributions « supportées » par les éditeurs (pour des raisons de maintien de la compatibilité). Dans cette optique, l’intégration de nouvelles fonctions à la version courante d’OpenOffice.org prend tout son sens.

Nous avons interrogé la société sur le choix de supporter l’OOXML. Pour Novell, il est important de gérer tous les formats, dans un simple but d’interopérabilité. Nos interlocuteurs nous ont cependant avoué avoir une préférence pour l’ODF (Open Document Format). La compagnie compte donc participer largement à l’évolution de cette norme ISO.

et les outils de développement

L’interopérabilité est aussi la cible de Mono (et Moonlight). Cette implémentation libre de .NET est un projet crucial pour Novell. La firme considère qu’il est essentiel que les applicatifs du poste de travail de demain puissent fonctionner sans modification, quelque soit le système d’exploitation choisi.

Aujourd’hui, un logiciel écrit avec Mono s’exécute sans soucis sous Windows. L’inverse n’est pas toujours vrai, mais l’analyseur de code MoMa (Mono Migration Analyzer) facilitera l’adaptation des programmes.