Le WebRTC entre au service de la visioconférence Cloud

LifeSize et Blue Jeans Networks implémentent le WebRTC dans leurs offres de visiocommunication Cloud. Une technologie qui permet d’offrir la communication unifiée depuis un navigateur.

LifeSize vient d’annoncer une extension WebRTC à son offre de communication unifiée dans le Cloud. LifeSize Cloud Web App permet de donner accès à l’environnement collaboratif du spécialiste de la visioconférence directement depuis un navigateur. « On avait précédemment activé le WebRTC mais, avec le lancement de l’application web, l’employé retrouve le même service qu’avec le client lourd », explique Hugues de Bonnaventure, dirigeant de LifeSize en France.

Autrement dit, le service propose la vidéo HD, le partage d’écran et la messagerie instantanée à partir d’un simple navigateur grâce à l’implémentation de WebRTC, l’API du W3C et de l’IETF (Internet Engineering Task Force) permettant la communication en temps réel sur le web. « Cela évite à l’entreprise de déployer le client sur les postes utilisateurs et d’en simplifier la gestion », indique le responsable. Pour le moment, LifeSize Cloud Web App ne fonctionne que sous Chrome, le navigateur de Google. Mais les supports de Mozilla Firefox et Microsoft Internet Explorer sont annoncés pour le courant de l’année. Si la question demeure pour Safari, Hugues de Bonnaventure assure que LifeSize met la dernière touche à la compatibilité des solutions avec Windows 10 et, donc en toute logique, avec le navigateur Edge successeur d’IE.

6 milliards de terminaux WebRTC

Proposée depuis plus d’un an, LifeSize Cloud met en œuvre la communication depuis n’importe quel terminal (salle de conférence, PC, tablette, smartphone) et autorise l’interconnexion avec les clients H.323/SIP (Cisco, Polycom, Microsoft Lync/Skype Entreprise…). L’outil permet le mode webconférence jusqu’à 40 participants qui pourront, à partir de simples liens, suivre les échanges en visio ou en audio, y compris au téléphone à partir de numéros non surtaxés. « Si l’invité ne se connecte pas d’une manière ou d’une autre, c’est qu’il ne veut pas me parler », plaisante le responsable France. La solution supporte également la signature unique SSO via SAML 2.0 qui ouvre la synchronisation avec l’annuaire de l’entreprise.

LifeSize Cloud Web App s’inscrit donc comme une solution permettant aux DSI de promouvoir la vidéo comme moyen de communication auprès des utilisateurs de l’entreprise, sans impact sur l’infrastructure existante. L’offre WebRTC n’impose aucune autre contrainte qu’un minimum de bande passante et l’ouverture en sortie de certains ports. « Ce qui est tout à fait accepté par les responsables sécurité des entreprises », assure notre interlocuteur. Au risque de venir faire de l’ombre aux propres solutions sur site de LifeSize ? « Le Cloud n’est pas tout à fait concurrent du on premise car il reste des sociétés frileuses sur la sécurité dans certains secteurs comme la banque ou la défense », nuance Hugues de Bonnaventure. Mais il reconnaît que la croissance va se faire sur le Cloud. « Les deux-tiers du chiffre d’affaires en France sont générés sur le Cloud. »

La nouvelle offre est de toute façon un moyen de répondre aux évolutions technologiques. Selon Frost & Sullivan, pas moins de 6 milliards d’appareils intégreront les technologies WebRTC d’ici 2019.

La vidéo as a service dès l’origine chez BlueJeans

C’est aussi la vision de Blue Jeans Network qui propose également des solutions de vidéo as a service. A la différence de LifeSize, l’entreprise fondée aux Etats-Unis en 2009 par Krish Ramakrishnan, un ancien de Cisco, a développé son offre dès le départ dans le nuage. Mais elle propose peu ou prou les mêmes services que son concurrent, à savoir des conférences vidéo, audio et web avec des outils de chat, de partage d’écran et d’enregistrement des réunions depuis de multiples terminaux (des salles aux clients mobiles en passant par le PC) à partir d’une seule plate-forme MCU (multipoint control unit).

« On a lancé le WebRTC il y a quelques semaines mais, pour le moment, le mode web consomme plus de bande passante que l’application cliente », concède Audrey Baruch qui a ouvert le bureau français en 2013. Des optimisations sont en cours pour gommer ces défauts. Par ailleurs, si l’implémentation du WebRTC a parfaitement fonctionné sous Chrome de manière native, nous avons pu constater que le système nécessitait l’installation d’un plug-in sous Firefox lors de notre communication avec la responsable des ventes Europe du Sud. Un frein qui devrait, là aussi, disparaitre avec l’optimisation de l’application.

Jusqu’à 3 000 participants

Dès lors, comment distinguer les deux solutions ? « Nous proposons le mode réunion façon ‘meet me’ multipartites jusqu’à 100 personnes (contre 40 chez son concurrent, NDLR), soutient la responsable France de Blue Jeans. Et jusqu’à 3 000 participants avec la fonction webcast Primetime. » Une offre typiquement dédiée aux sessions de formation où un modérateur est chargé de gérer les interventions des participants (qui sollicitent la parole en cliquant sur un bouton « main levée »). « Il y a même un mode d’antichambre où le modérateur peut vérifier avec le participant la pertinence de son intervention avant de lui donner la main », ajoute Audrey Baruch.

La responsable met également en avant l’API ouverte de Blue Jeans qui permet alors aux éditeurs d’intégrer une solution de communication à leurs applications comme c’est le cas de Salesforce Chatter, AT&T NetBond ou encore Level 3 Cloud Connect. Le partage de contenus est par ailleurs possible en WebRTC et « le plug-in calendrier dans Outlook et Gmail est bien intégré via un petit bouton bleu », assure la responsable.

Une architecture mondiale

Celle-ci précise que « l’architecture mondiale est redondée sur 5 points de présence (PoP) avec une disponibilité de 99,999%, ce qui suffit aux besoins actuels. » Les datacenters se déploient entre les Etats-Unis (pour deux d’entre eux), Amsterdam, Singapour et l’Australie. En revanche, Blue Jeans reste discret sur les noms de ses prestataires hébergeurs. De son côté, LifeSize déploie son offre à travers 13 PoP dans le monde depuis les centres de Softlayer, le Iaas public d’IBM.

Autre point commun à ces deux solutions de communication intégrale, la disponibilité des outils statistiques d’usage qui « permettent de vérifier le taux d’usage et la rentabilité de l’offre en temps réel », explique Hugues de Bonnaventure. De statistiques d’utilisation qui vont « jusqu’au calcul des économies carbone et de distance », renchérit Audrey Baruch.

Évidemment, les tarifs diffèrent (un peu) entre les deux fournisseurs. Ils démarrent à 89 euros par mois par organisateur pour 10 licences chez Blue Jeans contre 84 euros pour 8 licences chez LifeSize pour des usages illimités et sans frais de mise à jour. Des tarifs dégressifs en fonction du volume.


Lire également

Vidéocommunication : Lifesize Cloud parle à Microsoft Lync
Eric Monchy, Orange, : « La visioconférence irrigue les processus métiers »
Vidéoconférence : Google Hangouts se professionnalise