CES 2021 : un tournant vers un nouveau format ?

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Cette édition particulière pourrait, en raison de son format imposé par le contexte sanitaire et de responsabilité sociétale des entreprises marquer un tournant pour les prochaines années.

Jeudi 11 janvier, le CES 2021 a fermé ses portes virtuelles. Avantage majeur de cette édition 2021, tous les contenus étaient accessibles à tout moment, avec des replays rapidement disponibles et des présentations en permanence en ligne, fidèle à l’esprit de Vegas , la ville qui ne dort jamais.

En fait, cette fermeture est aussi virtuelle que l’édition qui s’est tenue cette année puisque les contenus sont disponibles aux inscrits jusqu’à mi-février (au moins). La seule différence avec les 4 jours du Show virtuel est qu’il n’y a plus de conférences ou de keynotes en live. Mais les espaces numériques des entreprises restent visibles.

Cette édition particulière pourrait, en raison de son format imposé par le contexte sanitaire et de responsabilité sociétale des entreprises (notamment en matière écologique) marquer un tournant pour les prochaines années.

En effet, tout d’abord, de grands acteurs avaient décidé de ne pas faire « le déplacement » tels Amazon, Google, Facebook ou La Poste, du côté français.
Apple qui avait fait une apparition discrète lors de la précédente édition ne présentait aucune nouveauté, alors même qu’elle avait largement éprouvé le format numérique pour toutes ces annonces de l’année 2020.

Par ailleurs, il n’est pas certain que les quelque 2500 entreprises qui ont fait le choix de ne pas participer cette année (les exposants sont passés de 4500 à 1959) décident de revenir en 2022.
De même qu’Apple avait abandonné Apple Expo pour des raisons de coûts et de contraintes d’annonces à une seule date prédéfinie, il est possible que nombre de participants s’interrogent sur la pertinence d’un show coûteux, écologiquement contestable, dans un lieu où la débauche d’énergie et de consommation d’eau est contraire aux engagements pris par ces entreprises.

Le prochain CES pourrait donc être une évolution entre ces deux formats, si les conditions sanitaires le permettent.

Côté forme, le site internet mis en place par l’organisation a une marge de progression au regard de son manque d’originalité qui contraste avec le message supposé faire passer de salon de la nouveauté technologique : un catalogue de « stands » formatés, desservis par un moteur de recherche très classique et bien peu « intelligent » (une recherche standard sur Digital Twin donne toutes les entreprises ayant Digital dans leur nom… ainsi qu’au total les 700 entreprises utilisant le mot digital mais aucune ne parlant de Jumeau numérique) complété par un espace de prises de contacts simpliste (par exemple, quand on saisit le nom d’un contact, la totalité des participants avec le même prénom est proposée mais celui recherché n’étant pas en premier !).

Bien sûr, cette édition était un pari difficile pour l’organisateur avec la réduction du nombre de participants, la division par 3 des pays représentés et, bien entendu, la nécessité de proposer des tarifs d’inscription attractifs (149$ pour assister à l’ensemble des conférences et visiter toutes les présentations).
En outre, il était difficile de trouver un moyen de faire ressentir une émotion en se « promenant » dans les espaces des exposants. Mais un moteur de recherche plus pertinent, avec des recommandations plus efficaces, ou encore des mises en avant avec des liens dynamiques (l’hypertexte ou « l’hyperimage ») auraient permis plus de serendipité. L’intégration d’outils de dialogue en direct avec les exposants qui le souhaitent aurait aussi donné une dimension plus humaine.

Une vitrine toujours intéressante

Le CES est l’occasion de découvrir des pépites ou de d’avoir des idées des tendances ou des évolutions technologiques. Le format ne faisait pas ressortir d’axes forts. Chacun pouvait retrouver les thématiques du moment ou qui l’intéressait : IoT, Santé, Mobilité, 5G, Big Data, IA, etc…

Parmi les principales rubriques, IoT, Intelligence Artificielle, Smart Home/home office et Digital Health regroupaient, sans surprise, le plus d’acteurs. Mais aussi, l’énergie verte, la mobilité et le développement durable étaient largement évoqués (via Schneider et Philips, par exemple).

Dans ces derniers domaines, les français (dont la délégation regroupait 135 participants en 4ème position derrière les USA, la corée – du Sud -, et la Chine) proposait près de 30 startups.

Le Covid était évidemment présent et évoqué par nombre de présentations, y compris par des constructeurs comme AMD ou Philips, mettant en avant leur implication dans la gestion de la crise sanitaire.

Les écrans souples annoncés depuis 2005 semblent enfin se concrétiser. TCL présentait un improbable « parchemin » numérique OLED et un écran déroulable AMOLED (pour smartphone, par exemple).

Parmi les présentations les plus spectaculaires :

  • LG, en exploitant le concept de microsite proposé par l’organisation, confirmait sa position avec une démonstration de structures « colossales » en écrans OLED, son écran ultra plat souple OLED R (R comme Rollable car il disparaît dans son support), sa technologie QNED et la possibilité de visualiser en Réalité Augmentée les produits exposés ;
  • IM Motors (sans microsite), joint-venture entre SAIC Motor, Zhangjiang Hi-Tech Group et Alibaba, a annoncé deux voitures « intelligentes » dont l’une sera disponible cette année et la déclinaison SUV en 2022 ;
  • Samsung, tout naturellement, a « fait le show » avec ses robots Handy et jetBot (un aspirateur) et surtout la volonté de montrer que l’IA avait des usages quotidiens (lave-linge, domotique) ;
  • Philips avec un microsite en navigation 3D et des vidéo se présente comme un acteur de la santé, du bien-être et de la protection de l’environnement (« together we make life better »).
  • Dans le panel des entreprises françaises, l’offre de EDF exaion, filiale spécialisée dans la mise à disposition de supercalculateurs, sécurisés pour la simulation scientifique ou l’IA et de Blockchain As A Service, est une bonne surprise au moment où l’Europe cherche à imposer ses solutions face à AWS ou Google. En outre, les startups autour de la mobilité et du développement durable (BeNomad, Green Systems Automative, Meteoptim, par exemple) ont pu aussi se faire connaître, ce qui reste plus difficile sans ce type de vitrine concentrée.

Enfin, comme chaque année (et ce malgré la réduction de participants), le CES donne l’occasion de découvrir quelques produits futuristes ou à l’avenir incertain. Ainsi, les Mojo Lens (lentilles connectées) ont remporté le Last Gadget Standing, le Wearable Devices propose le Mura Band pour contrôler son Apple Watch sans toucher l’écran (avec des capteurs dans le bracelet) et Flic vante l’intérêt de boutons connectés (à 36$ l’unité) pour remplacer les interrupteurs de la maison et piloter les périphériques de la maison (car connectés via Homekit). On retrouve ainsi tout le plaisir d’appuyer sur un bouton plutôt que de demander à Siri d’allumer la lumière…

Et maintenant 2022

Le prochain CES est déjà annoncé du 5 au 8 janvier 2022 en numérique et à Las Vegas. Le format hybride devrait s’imposer comme la règle afin de concilier engagements environnementaux des entreprises, réductions des coûts, incertitudes sanitaires mais aussi l’envie ou la nécessité de rencontres physiques et la possibilité de découvertes plus porteuses de sens et d’émotions.

Une nouvelle forme de navigation et d’interactions numériques reste à imaginer… les gants et lentilles connectées seront peut-être nécessaires pour une immersion parfaite !


Auteur
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Directeur Recherche et Innovation
Talan
Laurent Cervoni, docteur en IA et directeur du centre de recherche et innovation du groupe Talan sur les IA génératives.
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