Pulse 2014 : avec BlueMix, IBM franchit enfin le pas du PaaS

Après Salesforce, Microsoft ou Oracle, IBM lance enfin sa solution PaaS. Annonce majeure lors de son événement consacré à l’administration de systèmes : voilà qui en dit long.

Robert Leblanc, IBM
Robert Leblanc, IBM

De notre correspondant à Las Vegas – Etonnant ! IBM Pulse, l’événement consacré à la gamme d’administration Tivoli, fait la part belle aux développeurs. Conformément à son accroche « The Premier Cloud Conference », l’éditeur a clairement fait évolué les thématiques.

Dans les relations parfois tendues entre les études et la production du service informatique (prestataires inclus), la tendance « devops » vise justement à supprimer ces frictions inutiles et onéreuses en délais. Pulse s’inscrit logiquement dans ce mouvement, car avec le cloud, ces frontières deviennent plus ambigües et les interdépendances beaucoup plus critiques.

Le cloud Paas aussi par les développeurs

« On compte aujourd’hui plus de 18 millions de développeurs dans le monde, et 25% d’entre eux développent pour le cloud, a fièrement lancé Robert Leblanc, senior vice-président Software et Cloud Solutions chez IBM. Actuellement estimés à 4,3 millions de personnes, les spécialistes de la conception logicielle cloud devraient dépasser la barre des 12,5 millions dès 2019 ! D’ailleurs à l’origine des grandes innovations il y a toujours un développeur. » N’exagérons pas, non plus…

On comprend mieux pourquoi, après les multiples annonces autour de Softlayer devenant son implémentation de référence IaaS pour ces datacenters et son cloud public, IBM monte d’un cran et annonce la version bêta de sa solution PaaS (Plateform as a service) : Blue Mix. Ce service PaaS repose logiquement sur l’IaaS (Infrastructure as a service) SoftLayer.

L'architecture du PaaS IBM BlueMix
L’architecture du PaaS IBM BlueMix

Un socle open source bienvenu

Solution PaaS pour développer, déployer, maintenir et superviser des applications Cloud, BlueMix permet d’assembler des services et composants. Objectif : développer rapidement des applications Cloud, faciles à maintenir et dont les mises à jour des divers composants sont automatiquement répercutées.

Dans sa logique d’ouverture, IBM explique que sa solution est basée sur la technologie PaaS open source Cloud Foundry (projet initié par VMWare et regroupant de nombreux acteurs dont EMC, HP, IBM, Rackspace ou SAP). Une manière de ne pas enfermer l’entreprise dans une technologie propriétaire et – théoriquement – de lui offrir la possibilité de changer de fournisseur simplement… En outre, les compétences acquises par les informaticiens sur cette technologie restent totalement valides sur une solution compatible.

Dans la lignée stratégique d’IBM, BlueMix intègre la couche openstack, contrairement à Softlayer, ce qui ne simplifie pas l’exercice (comme nous le verrons dans un prochain article).

BlueMix, ses environnements, ses services...
BlueMix, ses environnements, ses services…

Environnements et services variés, voire communautaires

Pour coder les applications (car l’assemblage sans code reste une illusion), le développeur peut choisir son environnement d’exécution (un Boilerplate BlueMix jouera alors le rôle de conteneur associé à un runtime et aux services nécessaires) : Liberty for Java, Node.js ou Ruby on Rails ou Ruby Sinatra. Le développeur peut aussi choisir son environnement de développement (voir plus bas).

IBM propose quatre familles principales de services (maison, d’un tiers ou de communautés) : mobilité, applications web, intégration, et devops. Dans la panoplie Big Blue pour BlueMix, on trouve BLU Acceleration (analytique In-Memory), Cloudant (DBaaS NoSQL tout juste racheté), CloudCode (serveur de script auto-adaptatif), DataCache (accélération des applications Web), Decision (séparation règles métier et logique applicative), JSONDB (stockage NoSQL), MapReduce (Hadoop), MAM (Mobile Application Management), MobileData (stockage de données persistantes pour les clients mobiles), SQLDB (bases de données SQL), SSO (authentification unique pour plusieurs applications), etc.

Autant de services provenant de produits IBM dont DB2, BigInsights, IBM Operational Decision Manager (ODM), CastIron, MobileFirst ou encore Safeguard.
Parmi les services issus des communautés, on retrouve la base de données NoSQL mongodb, les SGBD mysql et postgresql, le service de messaging rabbitmq, entre autres.

Un service tiers est déjà certifié et disponible : Twilio pour des applications web et mobiles intégrant voix, messagerie et VOIP. Par ailleurs, IBM poursuit la transformation de ses applications et solutions en services SaaS qui seront utilisables via des services basés sur des API ouvertes. Une démarche déjà initiée pour des fonctions comme Watson, l’e-commerce, la sécurité, l’analytique, le marketing, etc.

Un service devops éprouvé

Dans le cycle de développement d’une application, les (mauvaises) relations entre développeurs et équipes systèmes allongent rapidement les délais. Les développeurs demandent des environnements de tests, déployés par les seconds. Puis, ils dépendent encore d’eux pour modifier ces environnements ou les recréent selon les besoins. Idem pour les divers processus de test et de recette…

La démarche devops s’efforce d’améliorer les choses en recourant à des interfaces informatiques partagées, des configurations prêtes à être déployées, des workflows et une meilleure communication, des automatisations multiples…

Dans cette optique, BlueMix propose aussi le service JazzHub DevOps et son environnement de développement web intégré Git Hosting, et permettant l’intégration d’Eclipse ou de Visual Studio (très populaire chez les développeurs). Outre le développement collaboratif et en équipe, une gestion de planning agile et la traçabilité des actions, JazzHub offre le déploiement automatisé vers BlueMix. La version cloud de Rational Team Concert, lancée dès 2011.

Quelques précisions devraient être apportées ces jours-ci sur l’intégration de l’existant ou le portage sur BlueMix, solution en bêta que chacun peut essayer gratuitement sur www.bluemix.net.

Si IBM n’arrive pas le premier sur le PaaS, sa solution semble néanmoins intéressante. La différence sur les solutions PaaS se joue dans la façon dont les composants sont intégrés au socle et sur l’efficacité d’exposition et de sélection des API et du catalogue de services. Il y a dix ans, les éditeurs ont dû développer selon leur imagination. Aujourd’hui, les derniers arrivés profitent des bonnes pratiques et des erreurs des pionniers.

Enfin, le choix de l’ouverture et de l’open source sur diverses briques devrait aussi plaire aux entreprises et aux intégrateurs.


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