Sony Ericsson : « Le smartphone est mort »

En intégrant Sony Ericsson dans sa division produits et services, Sony entend développer sa croissance sur le marché de la convergence des contenus qui dépasse le seul usage des smartphones.

« Le marché du smartphone est mort. » Derrière cette affirmation volontairement provocante, David Mignot entend introduire la nouvelle tendance du marché : la convergence des contenus. « Les smartphones vont bien évidemment perdurer mais l’ère de l’Internet mobile est dépassé, nous entrons dans une nouvelle ère, celle de la convergence », détaille le directeur général de Sony Ericsson.

L’idée étant de disposer de ses contenus sur tous les écrans du foyer (et, pourquoi pas, de l’entreprise) : PC, télévision (connectée), tablette et smartphone, voire console de jeux portable. Mieux, la tablette devient, dans la vision du constructeur de téléphones, « l’organisateur des contenus personnels ». Que les contenus soient stockés localement ou sur un service en ligne.

Démonstration à l’appui lors d’une présentation à la presse, photos et films stockés sur le smartphone étaient, via la tablette, « glissés-déposés » sur le téléviseur. L’ensemble communicant en wifi à travers le protocole DNLA (Digital Living Network Alliance) d’interopérabilité entre les différents appareils multimédia d’un même réseau (ce qui, a priori, garantit l’ouverture du service à d’autres appareils que ceux de la marque Sony/Sony Ericsson). A noter cependant que, durant la démonstration, la diffusion du film en qualité HD avait tendance à se figer comme pour lui laisser le temps de charger la suite (un phénomène souvent constaté sur les plates-formes de vidéo en ligne pour peu que le serveur soit saturé de requêtes ou que la bande passante soit un peu faiblarde).

Continuité de services

Derrière cette approche, le groupe japonais veut simplifier la consommation des contenus en assurant une continuité de services. Par exemple, poursuivre sur son smartphone la lecture d’un film commencée sur un téléviseur. Rien de très innovant en terme de potentialité des usages numériques mais Sony a bien l’intention d’axer sa stratégie de son développement sur cette approche multi-écrans. Car, en 2012, on ne devrait plus parler de Sony-Ericsson. Suite au rachat des 50  % (pour plus d’1 milliard de dollars) détenus par Ericsson fin octobre, la marque Sony-Ericsson va s’effacer au profit de celle de son nouveau propriétaire.

« Sony-Ericsson va être intégré à la division Consumer Product Service Group [de Sony], confirme Philippe Citroën, directeur général de Sony France qui entend filialiser pour accélérer la mise en place de la stratégie de convergence du groupe pour répondre aux attentes du consommateur qui veut accéder à ses contenus de partout. ». Une stratégie qui passera notamment par le développement d’un service « cloud ». Lequel existe déjà dans les faits à travers les offres de musique, de vidéo ou le PlayStation Networks. Et devrait s’enrichir, en 2012 en France, d’une bibliothèque numérique. A terme, l’ensemble de ses services devraient se fondre sur une seule plate-forme. L’équivalent d’un iCloud (avec des services payants ou pas) visiblement.

Il est vrai que, producteur de musique (Sony BMG Music), de films (Columbia Pictures/Sony Pictures Entertainment), et éditeur de jeux (Sony Computer Entertainment/PlayStation) le groupe nippon a de la ressource pour fournir des contenus tout en mettant à disposition ses solutions matérielles connectables (PC, smartphones, tablettes, téléviseurs, consoles de jeux, y compris portable avec la Vita qui succède aux PSP). Philippe Citroën précise néanmoins vouloir maintenir une logique de partenariat (notamment auprès des diffuseurs audiovisuels comme M6 et Canal Plus). « L’ouverture est une force de notre différenciation. »

Sony Ericsson n° 3 en France en 2012

La convergence des contenus entre donc au coeur de la stratégie de Sony/Sony Ericsson. Une stratégie également partagée par les opérateurs bien placés pour la proposer à leurs abonnés depuis leurs boxes et smartphones. « La bataille du foyer connecté et du smartphone comme son extension mobile va s’accélérer », affirme David Mignot. Bouygues Telecom, notamment, devrait lancer en fin d’année un service de partage de contenus avec le téléviseur depuis la tablette. Il est vrai qu’avec 80  % du trafic Internet qui devrait se faire depuis les smartphones en 2015 et 50 milliards d’objets connectés en 2020, les opérateurs sont au centre de cette nouvelle ère de consommation nomade des contenus. Et le marché serait, en 2012, prêt pour la convergence.

Si la convergence entre au coeur de la stratégie de Sony, le futur défunt Sony Ericsson n’en poursuivra pas moins sa conception et production de smartphones Xperia, aujourd’hui riche de 8 modèles, et de nouvelles tablettes. Exclusivement sous Android. « Nous sommes fiers d’avoir choisi Android à une époque où l’OS était loin des 50  % du marché, souligne David Mignot. Mais nous ne sommes pas lié à vie à Android. Nous discutons avec Microsoft et s’il est cohérent de lancer des terminaux Windows Phone, nous le ferons. » Sony Ericsson reste ambitieux en France où il compte « accélérer sa croissance en 2012 » pour atteindre la place de numéro 3 (4e aujourd’hui) avec 15  % de part de marché (10  % en 2011) en volume. Non, le smartphone n’est décidément pas mort.

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