Vente d’Alcatel-Lucent Entreprise : « Aucune visibilité sur les intentions de Huaxin »

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Investissements, maintien des emplois, transferts technologiques… Les questions s’accumulent autour de la vente d’Alcatel-Lucent Entreprise au chinois China Huaxin. Même si ce dernier n’est pas un inconnu au sein du groupe.

Avec la vente de l’activité Entreprise d’Alcatel-Lucent à la société chinoise China Huaxin, s’ouvrent désormais une foule de questions sur l’avenir des 2 800 salariés (dont la moitié en France) et produits de la division. « On nous a fait miroiter beaucoup de choses ce matin au cours du CCE (comité centrale d’entreprise, ndlr), nous ne demandons qu’à y croire mais nous n’avons aucune idée concrète des intentions réelles du repreneur », déclare à Silicon.fr Philippe Mazé, délégué syndical CFDT au sein d’Alcatel-Lucent Entreprise (ALE), visiblement inquiet pour la suite de cette opération.

Une conséquence du plan Shift

A l’occasion de la présentation des résultats trimestriel et annuels, Alcatel-Lucent a annoncé la vente de sa division Entreprise (ALE) à une société chinoise, China Huaxin, pour une valorisation de 268 millions d’euros (hors dette et trésorerie). Le groupe conservera 15% du capital d’ALE. Cette cession, qui succède à celle de LGS en décembre dernier, participe au Plan Shift mis en œuvre par le nouveau Pdg Michel Combes. Lequel veut restructurer l’entreprise autour des technologies IP, sans fils et très haut débit, et réaliser 1 milliard d’euros d’économies d’ici 2015 et autant en cession d’actifs.

Alcatel-Lucent Entreprise fournit des solutions de communications voix (PABX, communications unifiées, terminaux, logiciels de gestion…) et données (routeurs, commutateurs, datacenter, optique, sans-fil…) aux entreprises et administrations (dont nombre de ministères en France). Une activité qui génère autour de 700 millions d’euros et « est bénéficiaire de quelques millions d’euros en 2013 », selon Philippe Mazé. Malgré ce tableau positif, « cette partie du groupe n’a pas reçu les fonds nécessaires pour continuer à investir sur la partie Cloud et pour finaliser les développements de produits en cours dont OpenTouch (communication unifié, NDLR) », indique Pascal Guihéneuf, délégué syndical CFDT pour Alcatel-Lucent France.

Huaxin déjà partenaire d’Alcatel

Des investissements que pourrait donc mener China Huaxin à l’avenir. La société d’investissement technologique chinoise n’est pas une totale inconnue d’Alcatel-Lucent. « On la connaît via notre filiale chinoise Alcatel Shanghai Bell (ABS) dont elle possède 50% du capital moins une voix », nous apprend Pascal Guihéneuf. ABS, donc China Huaxin pour moitié, avait d’ailleurs racheté RSF, une filiale de fabrication des antennes, il y deux ans, pour répondre aux besoins de développement du marché chinois.

Mais qu’en sera-t-il du marché occidental et des salariés français et américains ? « On pourrait obtenir un engagement du repreneur pour un ou deux ans mais s’il y a transfert technologique, rien ne garantit que les emplois seront maintenus », craint Philippe Mazé. Pour Pascal Guihéneuf, « il y a un risque de délocalisation de la R&D en Chine à terme ».

Le moins mauvais choix ?

Pourtant, le choix de China Huaxin est peut-être le moins mauvais, dans un premier temps. D’abord parce que les 268 millions d’euros de valorisation du repreneur sont supérieurs aux 250 millions de dollars (185 millions d’euros) évoqués par Bloomberg lors des précédentes discussions avec Unify (ex-Siemens Communication), autre repreneur potentiel d’ALE. Ensuite, « il y avait un risque de coût social, avance Pascal Guihéneuf. Aucune des solutions n’était bonne mais peut-être que l’offre de Huaxin est la meilleure offre et apporte une stratégie intéressante pour ALE. »

Syndicats et salariés devraient en savoir plus alors qu’un nouveau CCE sera organisé en présence du repreneur avant la fin du mois. « On va leur demander du concret sur la cession, les investissements, les emplois », promet Philippe Mazé. Dans tous les cas, l’annonce de la vente d’ALE fait sortir les salariés de la léthargie dans laquelle la division était plongée depuis 3 ans faute de visibilité sur la stratégie. « Il faut faire le deuil des solutions entreprises chez Alcatel-Lucent », conclut Pascal Guihéneuf. Un deuil que les salariés d’ALE ont exprimé au cours de manifestations ce jeudi 6 janvier sur les trois établissements d’ALE à Brest, Colombes et Illkirch.

crédit photo © Shawn Hempel – shutterstock


En images : Alcatel-Lucent Bell Labs Open Days 2013

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