Atos vers une scission « à la IBM » ? Ce que l’ESN en crise projette

Atos

Atos songe à scinder ses activités en deux sociétés cotées, comme IBM l’a fait l’an dernier. Comment se présente la réorganisation envisagée ?

« Deux activités, deux trajectoires ». Ainsi Atos entrevoit-il son avenir. L’ESN envisage effectivement une séparation en deux sociétés cotées.

IBM a finalisé une démarche similaire l’an dernier. Il en a résulté l’entreprise Kyndryl, issue de la scission de ses services d’infrastructure.
Du côté d’Atos, on aurait, d’un côté, le périmètre « Tech Foundations » ; c’est-à-dire les activités historiques (infogérance, digital workplace, services professionnels). Et de l’autre, une nouvelle entité Evidian qui combinerait deux lignes de métiers : BDS (big data et cybersécurité) et Digital.

Evidian aurait à sa tête Philippe Oliva, actuel directeur commercial du groupe. Et, pour directeur financier, Anil Agrawal, qui assure aujourd’hui ce rôle pour la zone Amériques.
L’autre entité conserverait le nom d’Atos… ainsi que son dirigeant actuel (Nourdine Bihmane) et son DAF (Darren Pilcher).

En l’état de la réflexion, la cotation d’Evidian interviendrait fin 2023. Avec, en attendant, un plan de réorganisation. D’ici à fin septembre 2022, le DG Rodolphe Belmer aura passé la main, quittant également le conseil d’administration. Nourdine Bihmane et Philippe Oliva prennent le relais, en tant que DG délégués.

Les perspectives pour Evidian…

Le périmètre d’activité que couvrirait Evidian a représenté, en 2021, un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros (+5 % sur un an). Avec un taux de marge opérationnelle à 7,8 % et 150 M€ de flux de trésorerie disponible avant intérêts et impôts.

La partie Digital, que dirige Rakesh Khanna, capte l’essentiel des revenus : 3,5 Md€. Pour une marge opérationnelle « à un chiffre, en haut de la fourchette ». Elle ferait, sur la période 2022-2026, l’objet d’un plan d’investissement de 370 M€.

La partie BDS, que dirige Jean-Philippe Poirault, réunit les divisions Digital Security et Advanced Computing. Ses résultats 2021 : 1,4 Md€ de C. A. et une marge opérationnelle « à un chiffre, en milieu de fourchette, […] pénalisée par la division Advanced Computing ». Elle bénéficierait, sur la même période, d’un plan d’investissement à 40 M€.

Objectif pour Evidian : sur la base d’un C. A. attendu à 5,3 Md€ en 2022, réaliser en moyenne 7 % de croissance organique annuelle à l’horizon 2026. Et atteindre, à cette échéance, 12 % de marge opérationnelle.

… et pour Atos

Du côté d’Atos, on part, dans le scénario actuel, sur un plan de redressement de 1,1 Md€. Et une visée large : réduction des dépenses de sous-traitance, consolidation des datacenters et des bureaux, traitement des « problèmes structurels liés à la localisation des ressources et à la pyramide des âges »…

Hors communications unifiées, le C. A. de ces activités a reculé de 12 % entre 2020 et 2021, s’établissant à 5,4 Md€. La marge opérationnelle est négative (-1,1 %). Tout comme le flux de trésorerie disponible (-507 M€, compte tenu notamment du plan de restructuration en Allemagne).

Le chiffre d’affaires devrait, estime Atos, toucher un point bas à 4,1 Md€ en 2024. Puis repartir en croissance à partir de 2026. La marge opérationnelle repasserait au vert en 2025.

Pour mettre en œuvre son projet, Atos mise, entre autres, sur 700 M€ de produits nets liés à la cession d’activités non stratégiques. Il a annoncé une première opération du genre : la cession de la totalité de sa participation dans Worldline (environ 2,5 % du capital). Ce qui lui a rapporté environ 220 M€.

Dans le scénario privilégié, les actionnaires d’Atos conserveraient leurs actions actuelles et recevraient des actions Evidian à travers une distribution en nature. Ils détiendraient à eux tous 70 % du capital de la nouvelle société. La cotation s’effectuerait sur Euronext Paris.

(Photo : siège social d’Atos France)