Dossier ERP: le bonheur est-il vraiment dans l’ERP ?

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Dossier ERP, pour tous ceux qui souhaitent faire le point sur le marché des progiciels de gestion – ses offres, son évolution, ses grands acteurs, des grands comptes aux PME – et profiter du retour d’expérience de clients

Marché ERP : croissance de 10% à 20% grâce aux grands comptes

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Loin d’être saturées d’ERP, les grandes entreprises jouent encore le rôle de relais de croissance pour les éditeurs de progiciels, comme nous l’expliquent les analystes de PAC et IDC

Une fois installé dans une grande entreprise, un ERP réellement utilisé a peu de chance d’y être remplacé. Et les éditeurs n’ont plus qu’à passer à la caisse pour le support et la maintenance actuelle. Mieux, ils enrichissent sans cesse leur portefeuille applicatif pour proposer des solutions intégrées permettant au client de gagner du temps en intégration, et donc de réduire les coûts.

« Les éditeurs ERP bénéficient d’une rente de situation générée non seulement par les licences, le support et la maintenance, mais aussi par les nouvelles versions. En effet, chacune met fin généralement au support et à la maintenance des anciennes versions et oblige le client à racheter de nouvelles licences et à signer de nouveaux contrats de support et de maintenance« , analyse Éric Ménard, consultant senior chez Pierre Audoin PAC (Pierre Audoin Consultants).

« Certes, les grands comptes représentent un revenu récurrent pour les éditeurs ERP comme SAP ou Oracle. Cependant, cela ne semble leur suffire, malgré les 10 à 20 % de croissance attendus« , explique Anne-Marie Abisségué, consultante chez IDC France. En effet, plusieurs leviers alimentent la croissance sur ce segment de marché.

Plus de licences et des ventes croisées

« Tout d’abord, ces grands groupes démocratisent l’utilisation de l’ERP, des portails et fonctions RH intégrés, à tous les utilisateurs de l’entreprise, afin de mieux maîtriser les flux d’information et la qualité des données. En parallèle, ils étendent régulièrement le périmètre de l’ERP maison et rachètent autant de licences pour leurs filiales françaises et internationales« , affirme Éric Ménard.

Mais le levier économique le plus performant repose sur les ventes croisées. « Les développements complémentaires génèrent automatiquement des ventes croisées avec des solutions comme SAP Netweaver ou Oracle Siebel. De plus, l’ERP incarne au minimum le socle comptable et financier de l’entreprise, pour lequel les obligations légales et réglementaires représentent aussi une opportunité de développer des modules et extensions payants, comme le Reporting Bâle2 ou la loi Sarbanes-Oxley. Par ailleurs, les éditeurs s’efforcent de répondre aux nouveaux besoins comme la planification budgétaire. »

« Avant, les entreprises investissaient dans des modules comptabilité et finances, puis achetaient le reste des modules au fur et à mesure. Aujourd’hui, les fonds d’investissement ont amené la financiarisation des organisations, et exigent une consolidation du budget, une valorisation et un pilotage stratégique et financier. D’où le rachat d’OutlookSoft par SAP ou d’Hyperion par Oracle« , souligne Anne-Marie Abisségué.

Et Éric Ménard d’ajouter : « Plusieurs pistes restent à exploiter comme les extensions à la gestion de la relation client (CRM), les applications de ressources humaines, ou encore les liens avec les développements spécifiques ou le décisionnel déjà en place dans les entreprises. Enfin, les grands comptes réclament plus de spécifiques forts, répondant à leurs exigences métiers. C’est pourquoi Oracle rachète par exemple Retek (distribution). »

Toujours des grandes entreprises à conquérir

Un pourrait penser que les 800 grands comptes sont déjà largement suréquipés en ERP, mais il n’en est rien. Entre les développements spécifiques et les logiciels de gestion indépendants à intégrer (appelés aussi best-of-breed), certains deviennent des cibles faciles, face aux coûts de maintenance devenant prohibitifs.

« Si l’industrie ou service aux collectivités (Utilities) sont bien équipés et ont installé généralement près de 70 % des modules, la banque et la finance restent moins couverts par les ERP. Par ailleurs, la distribution un peu plus équipée ne dispose souvent que des modules de base Comptabilité/Finances. Ces trois secteurs offrent donc encore des possibilités, avec des entreprises qui fonctionnent toujours sur du spécifique, généralement coûteux et difficile à maintenir« , assure Éric Ménard.

« La finance et la banque sont peu équipées et nécessitent des solutions de comptabilité et de supply-chain, le reste reposant souvent sur du spécifique. Oracle est très présent sur ce secteur, y compris via le spécifique. Tandis que SAP doit s’efforcer de le pénétrer davantage. Le secteur public offre également un grand potentiel. Ainsi, la Santé dispose souvent de logiciels vieillissants généralement développés par des Sociétés d’économie mixte (Sem) via des informaticiens des CHU. Un contexte dans lequel il est difficile d’innover, même si quelques-unes y parviennent. Quoi qu’il en soit, elles ne bénéficient pas de moyens en recherche et développement d’éditeurs internationaux« , complète Anne-Marie Abisségué.

L’intégration se fait avec d’autres, malgré SOA

Installé dans ces grandes organisations, l’ERP devient rapidement la pierre angulaire du système d’information. Il semblerait alors légitime de penser que les solutions d’intégration émanant de ces éditeurs s’imposent. Mais la réalité est bien différente.

« Les technologies SOA sont une réelle tendance d’architecture informatique, favorisant une bonne gestion de la complexité. Le socle ERP joue bien son rôle de cohésion, mais ne peut pas tout adresser. Désormais, les éditeurs ont rendu leurs composants flexibles via un bus d’intégration permettant de coller au plus près au besoin de chaque client, sans dépendre d’un éditeur spécifique. Par exemple, des partenaires peuvent s’appuyer sur ces composants pour adapter (verticaliser) l’ERP au métier du client« , avance Anne-Marie Abisségué.

« La SOA, tout le monde y va, sous peine d’être éjecté du marché. Le contraire serait d’autant moins justifié que cela permet aussi d’étendre son offre auprès des clients. »

Mais ces efforts ne convainquent pas encore. « Les offres technologiques SAP Netweaver et Oracle Fusion assurent une intégration cohérente et simplifiée avec le système d’information grâce aux technologies SOA autorisant l’ouverture et la collaboration avec les solutions tierces. Toutefois, elles n’enregistrent pas un grand succès sur le marché français, voire généralement. Les entreprises préfèrent se tourner vers BEA, IBM? Ces solutions encore jeunes n’ont pas encore fait leurs preuves« , estime Éric Ménard.

Malgré de lourds investissements d’Oracle et de SAP pour proposer des architectures d’intégration ouvertes et intégrées, le challenge s’avère effectivement complexe.