La Commission européenne veut restructurer l’économie numérique

Neelie Kroes

Bruxelles réaffirme la nécessité d’une réforme économique structurelle en faveur du développement de l’écosystème numérique européen, des services et technologies mobiles au très haut débit fixe.

L’exécutif européen qui déplore la sous-exploitation du potentiel numérique et l’insuffisance des moyens mis en oeuvre, réaffirme, tableau de bord à l’appui, la nécessité d’une réforme économique structurelle en Europe.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) représente désormais 8 millions d’emplois et 6 % du PIB de l’Union européenne ce qui reste en deçà des objectifs, a souligné Bruxelles, lundi 18 juin, lors de la présentation d’un point d’étape sur la stratégie numérique européenne. Globalement, sur 101 actions prévues dans le cadre de cette stratégie (78 relevant de la Commission, 23 des États membres de l’UE), 34 ont été achevées, 52 sont en cours de mise en oeuvre et 15 ont été retardées, affirme la Commission européenne.

En finir avec les modèles d’entreprise du 20e siècle

Bien que la consommation de données ne cesse d’augmenter et que les utilisateurs plébiscitent les technologies et les services mobiles, « les pouvoirs publics et les entreprises ont du mal à suivre », déplore Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne en charge de la stratégie numérique. Avant d’alerter : « Conserver des mentalités et des modèles d’entreprise du 20e siècle nuit à l’économie européenne, ce qui est extrêmement regrettable. En investissant si peu, nous nous tirons une balle dans le pied et l’Europe risque de se faire écraser par la concurrence mondiale si elle s’endort sur ses lauriers. »

En outre, la moitié de la population active européenne n’aurait pas les compétences requises en matière de TIC pour pouvoir changer d’emploi ou en trouver un. Alors que dans le secteur, 700 000 postes seront à pouvoir d’ici 2015. Bruxelles regrette également que le commerce en ligne reste une activité nationale (« seul » un internaute sur deux fait un achat sur un site basé dans un autre État membre que le sien). La Commission observe, par ailleurs, que les PME utilisent peu le commerce électronique. Quant aux opérateurs de télécommunications, ils « continuent de soutirer aux consommateurs des frais d’itinérance excessifs ».

Le haut débit sauve l’Europe

La Commission se réjouit tout de même des succès enregistrés sur plusieurs segments de marché, parmi lesquels :

– L’accès haut débit à l’Internet fixe dont peuvent bénéficier 95 % des Européens ;
– L’Internet mobile avec 217 mililions d’abonnés au haut débit mobile sur le continent ;
– L’engouement des internautes européens. À l’heure actuelle, 68 % des Européens ont une activité en ligne régulière et 170 millions de personnes utilisent les réseaux sociaux. Par ailleurs, le taux d’utilisation d’Internet dans les catégories sociales défavorisées a dépassé les 50 %, toutefois un Européen sur quatre n’a encore jamais utilisé le réseau mondial.
– L’administration en ligne. Celle-ci a enregistré ses plus fortes progressions (nombre et qualité des services disponibles) dans des États membres connaissant d’importantes difficultés financières, dont la Grèce et le Portugal.

À noter : la Commission a présenté en 2011-2012 des propositions réglementaires sur l’itinérance, l’interconnexion en Europe (dont un soutien de l’UE de 7 milliards d’euros destiné à promouvoir les investissements privés dans les infrastructures haut débit), le financement de la recherche et de l’innovation (Horizon 2020, avec un budget estimé à 80 milliards d’euros) et le commerce électronique. Les propositions de l’Union en faveur de l’informatique dématérialisée (cloud computing) et de la sécurité de l’Internet seront dévoilées d’ici la fin de l’année.