Migration de Windows Server 2003 : pourquoi bon nombre de DSI ne seront pas prêts

Dans 5 mois, Windows Server 2003 s’éteint. Mais nombre d’entreprises ne pourront migrer à temps. Microsoft devrait logiquement s’acheminer vers une maintenance sur mesure… au prix fort.

5 mois. C’est le temps qui reste pour terminer la migration des machines fonctionnant sous Windows Server 2003, une mouture qui, comme XP il y a quelques mois, va sortir des programmes de support officiels de Microsoft. Selon le cabinet Gartner, environ 8 millions d’instances de l’OS serveur sont toujours en fonctionnement. Et la société de services Avanade, co-entreprise entre Microsoft et Accenture, estime qu’environ 20 % de ce total – soit quelque 1,6 million d’instances – n’aura pas migré d’ici au 14 juillet prochain, date officielle de la fin du support dit étendu de l’éditeur. Autrement dit, passé ce délai – et sauf revirement -, Microsoft ne livrera plus de mises à jour de sécurité pour Windows Server 2003.

Au rythme auquel sont découvertes les failles critiques dans Windows – affectant souvent de nombreuses versions -, il s’agit là d’une menace sérieuse pesant sur des serveurs – et non plus de simples postes utilisateurs comme c’était le cas avec XP. Une étude de 2013 réalisée par AppZero et sponsorisée par Microsoft montrait que la moitié des 1 000 plus grandes entreprises américaines possédait alors plus de 100 serveurs fonctionnant encore sous l’OS. Selon Carl Claunch, vice-président du Gartner, s’exprimant dans les colonnes de The Register, « les organisations concernées par cette question ne se limitent aux entreprises à court de budget, de compétences et traditionnellement lentes à évoluer. Tous les types d’organisations sont touchés, y compris certaines alignant des budgets importants et des DSI à la pointe ». Bref, le sujet est mondial, touche tant les PME que les plus grands comptes et concerne tous les secteurs d’activité.

Le plus dur pour la fin

Or, toujours selon le Gartner, une migration type (étude préalable, qualification des applications, mise à jour, tests, déploiement) prend entre 9 et 15 mois (d’autres sources parlent plutôt de 6 mois). Le chantier est en effet rendu complexe par un certain nombre de facteurs. D’abord passer de la mouture vieillissante à Windows Server 2012 signifie une transition du 32-bit au 64-bit. Les anciennes applications peuvent, en théorie, continuer à fonctionner (via le module de compatibilité WOW64), mais, en pratique, sont souvent affectées par la suppression de toute une série de composants et de fonctions au fil des moutures de Windows Server. De plus, le problème est encore rendu plus complexe du fait de la nature des applications fonctionnant sous l’OS vieillissant. En effet, les entreprises ont, très souvent, déjà migré les applications standards (e-mail, serveurs Web, partage de fichiers) vers des plates-formes plus modernes, laissant les workloads les plus ardus à migrer sur Windows Server 2003. Le passage à une version plus moderne de l’OS Server est enfin synonyme d’arrivée de la virtualisation (Hyper-V est apparu avec Windows Server 2008), facteur susceptible de pousser les DSI à repenser leurs architectures applicatives.

S’y ajoute évidemment la question budgétaire. D’autant que cette migration ‘forcée’ intervient juste un peu plus d’un an après celle affectant les parcs sous Windows XP. Une répétition qui lasse les décideurs.

Un support sur mesure ?

Nombreuses seront donc les entreprises qui continueront à faire tourner des systèmes Windows Server 2003 après le 14 juillet prochain. Ces dernières ont deux options : soit se passer de support, soit miser sur une offre de support sur mesure de la part de Microsoft. Une offre que le premier éditeur mondial avait proposée lors du retrait de XP.

Mais, pour l’heure, Redmond n’a pris aucun engagement de la sorte pour Server 2003. S’il se décide à le faire, cette offre devrait se monnayer au prix fort ; rappelons que Microsoft facture 200 dollars par poste la première année pour son support sur mesure de XP (même si l’éditeur a mis de l’eau dans son vin pour les grands comptes, avec des forfaits pour des parcs de plus de 750 postes). Gartner estime qu’une offre de maintenance pour Windows Server 2003 serait 2 à 3 fois plus chère.

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