Samsung se lance à la conquête de l’Internet spatial

Samsung a présenté un document d’étude sur le déploiement d’une constellation de satellites en orbite basse visant à compléter et élargir l’Internet terrestre. Chacun de ces satellites supporterait un débit de 1,21 Tbit/s.

S’appuyer sur l’espace pour fournir des liaisons Internet intéresse de plus en plus de monde. Dernier protagoniste en date : Samsung. Un intérêt purement spéculatif pour l’heure. Dans un document technique baptisé « Mobile Internet from the Heavens » et signé par Farooq Khan, président de Samsung Research America, le constructeur coréen expose sa stratégie pour fournir un accès mobile à la Toile mondiale en s’appuyant sur « les Cieux ».

Pour construire cet Internet de l’espace, Samsung propose de s’appuyer sur des milliers de mini satellites, jusqu’à 4 600, en orbite basse LEO (Low-Earth Orbit ), soit à moins de 2000 km d’altitude. Chaque module sera capable de fournir une liaison à plusieurs Térabit/s et une latence similaire, si ce n’est meilleure, à celle des réseaux terrestres. Contrairement aux satellites de communication géostationnaires aujourd’hui utilisés, ces milliers de satellites seraient en rotation constante autour de la Terre permettant d’en couvrir la quasi-totalité. Surtout, leurs positions géospatiales pourraient être optimisées afin d’en concentrer un plus grand nombre dans les zones où la demande se fait ressentir, à savoir les régions les plus densément peuplées.

Deux-tiers de l’Humanité privés d’Internet

Ces satellites s’appuieraient sur les ondes millimétriques à ultra-hautes fréquences, au-delà de 6 GHz et même plus de 100 GHz, pour établir les liaisons avec les points de connexion au sol (datacenter, hotspot Wifi, véhicules…), dans les airs (avions) et aussi pour assurer les communications inter-satellitaires. Samsung souhaite générer des liaisons à 1,21 Térabit/s (Tbit/s) par satellite (à raison de 256 canaux de 5,86 Gbit/s chacun). La constellation de satellites serait ainsi en mesure de supporter le Zetaoctet de données que les utilisateurs consommeront par mois en 2028, soit 200 Go par mois à raison de 5 milliards de personnes, selon l’estimation de besoins avancée par Samsung pour la fin de la prochaine décennie.

Dans sa vision, Samsung ne se contente pas de vouloir apporter l’Internet aux deux-tiers de l’Humanité qui en sont toujours privés aujourd’hui. Mais entend aussi compléter les capacités terrestres confrontées à une consommation des données en croissance exponentielle. Le Coréen s’attend à ce que le trafic mobile évolue de 1 Mbit/s dans les années 2000 avec la 3G à 10 Gbit/s en 2020 avec la 5G et à 1 Tbit/s en 2030 avec la 6G. En s’affranchissant des lourdeurs et coûts propres aux déploiements des infrastructures optiques terrestres, les liaisons spatiales fournies à partir d’un maillage satellitaire anticiperaient les besoins de demain.

Samsung, Google, Virgin, Qualcomm…

C’est également l’avis de plusieurs autres acteurs, et non des moindres. Google développe ainsi des projets de réseaux sans fils à base de montgolfières (project Loon) et de drones, mais aussi de satellites en prenant part aux travaux de Space X. Mise sur pieds par l’entrepreneur Elon Musk (Tesla, Paypal, SolarCity…), Space Exploration Technologies Corp (Space X) envisage également d’envoyer des centaines, voire des milliers de satellites dans l’espace pour dédoubler Internet. Citons également OneWeb qui, dans la même veine, a reçu le soutien du groupe Virgin (Richard Branson) et Qualcomm. OneWeb a été fondé par Greg Wyler en 2013 après avoir quitté O3b, une autre société visant à placer Internet dans l’espace et qui compte Google parmi ses actionnaires. En dévoilant son intérêt pour le sujet, Samsung confirme que la conquête de l’Internet spatial a bel et bien commencé.


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