Suicides chez France Télécom : l'inspection du travail accuse la direction

Selon le rapport de l’inspection du travail, la direction de France Télécom avait été alertée à plusieurs reprises sur la situation.

C’est en décalage avec les initiatives énoncées par France Télécom que l’inspection du travail a transmis aux autorités judiciaires son rapport sur la vague de suicides qui frappe l’opérateur depuis 2008. Une vague dramatique initiée par la restructuration du groupe suite à l’ouverture du marché des télécoms (téléphonie fixe et mobile, Internet) à la concurrence.

« Mise en danger d’autrui […] harcèlement moral… » Le rapport n’est pas tendre avec la gestion de l’entreprise comme le révélait le Parisien/Aujourd’hui en France ce week-end. Dans ce document de 82 pages, l’inspectrice du travail Sylvie Catala dénonce « la politique de réorganisation et de management » initiée en 2006 avec la stratégie « Next » de mise en oeuvre de convergence fixe-mobile-Internet, de réduction de la dette et d’installation de la marque Orange.

L’inspectrice, qui s’appuie notamment sur l’étude du cabinet Technologia et sur les cas d’une quinzaine de suicides (ou tentatives) depuis janvier 2008, n’hésite pas à accuser la politique de la direction, le PDG Didier Lombard en premier lieu, ainsi que l’ex numéro 2 du groupe Louis-Pierre Wenes et le directeur des ressources humaines Olivier Barberot. Elle dénonce de possibles infractions « de nature à porter des atteintes graves à la santé des travailleurs » et, surtout, que les dirigeants de France Télécom avaient été alertés « à maintes reprises ». Les directions régionales sont en revanches épargnées.

Depuis, la direction du groupe a été totalement réorganisée. Pierre-Louis Wenes avait été « débarqué » en octobre remplacé par Stéphane Richard qui a, depuis, pris la tête de la direction générale cantonant Didier Lombard à la présidence du conseil d’administration. Olivier Barberot, pour sa part, reste à la DRH dans l’organisation du nouveau comité exécutif qui entrera en fonction le 6 avril prochain.

Malgré la mise en place de nouveaux accords et d’une nouvelle direction, les suicides n’ont pas cessés. Depuis 2008, syndicat s’accordent sur le chiffre de 35. Dont dix selon les syndicat (neuf selon la direction) depuis le début de l’année 2010.