Microsoft, entre deux eaux avec OpenAI

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Microsoft, gagnant ou perdant du chamboulement chez OpenAI ? Au stade actuel, l’une et l’autre option se tiennent.

L’acqui-hiring le plus éblouissant de l’histoire de la Silicon Valley ? D’aucuns ont présenté ainsi le potentiel exode massif des employés d’OpenAI à destination de Microsoft.

Ils sont nombreux à avoir manifesté cette intention. Plus de 90 % de l’effectif a effectivement signé une lettre dans ce sens. Le message, dans les grandes lignes : nous partirons… à moins que le conseil d’administration démissionne et que le duo Altman-Brockman fasse son retour. Parmi les signataires, il y a un membre du board.

Sam Altman n’aurait pas exclu l’idée d’un come-back – issue pour laquelle des investisseurs d’OpenAI, dont Vinod Khosla, militent, jusqu’à envisager des recours judiciaires. Mais pour le moment, et ce depuis dimanche, l’intéressé est employé chez Microsoft. Greg Brockman (ancien président d’OpenAI) aussi. Il a déjà communiqué les noms de quelques-uns des employés qui l’ont suivi.

Microsoft, porte de sortie... parmi d'autres

Du côté de Satya Nadella, on a annoncé qu'il y aurait de la place pour le monde, à travers la création d'une division de recherche. Mais le patron de Microsoft n'est pas seul à prospecter. Marc Benioff, son homologue chez Salesforce, fait partie de ceux qui « chassent à découvert ».

Exode ou pas, ce qui importe à Satya Nadella, c'est de continuer à travailler avec OpenAI (dans lequel Microsoft aurait déjà injecté au moins 13 milliards de dollars)... en œuvrant toutefois à faire évoluer la gouvernance.

Emmet Shear, le CEO par intérim d'OpenAI, s'est engagé à traiter ce sujet. L'ancien patron de Twitch, nommé après  sollicitation infructueuse de Nat Friedman (ex-GitHub), d'Alex Wang (Scale AI) et de Dario Amodei (Anthropic), a aussi promis de mener une enquête sur les raisons de l'éviction de Sam Altman. En la matière, de multiples hypothèses ont émergé : désaccord sur la cadence de développement des produits, mauvaise budgétisation, dissensions sur les mesures de protection des utilisateurs (sujet sur lequel Emmet Shear aurait, au contraire, attiré l'attention du board), etc.

OpenAI, une masse salariale et des secrets commerciaux

Il est aussi question des « intérêts extérieurs » de Sam Altman. En première ligne, un projet d'entreprise positionnée sur le créneau de NVIDIA. Softbank, entre autres, a été approché à ce propos. On parle aussi d'un projet de hardware « orienté IA » avec l'ex d'Apple Jony Ive.
Les raisons avancées en interne n'ont pas convaincu les employés. Sam Altman aurait, d'une part, confié le même projet à deux personnes. De l'autre, fourni au conseil d'administration* des opinions différentes à propos d'un même membre du personnel.

Satya Nadella a promis que cet aspect « intérêts extérieurs » serait traité. Et garanti que la nouvelle division, si elle se constitue, aura la même autonomie qu'un LinkedIn, un GitHub ou un Mojang (éditeur de LinkedIn). Il ne s'est, en revanche, pas exprimé publiquement sur l'absorption de la masse salariale d'OpenAI, a fortiori dans la lignée d'un gel des salaires des temps pleins. Pas un mot non plus sur la capacité à continuer l'activité sans se heurter à l'obstacle de la violation de secrets commerciaux. On a par ailleurs récemment eu vent de conflits internes, autour d'employés mécontents que Microsoft s'appuie tant sur des partenaires - OpenAI en tête - pour ses développements IA.

* Il reste actuellement trois administrateurs en poste. Nommément, Adam d'Angelo (cofondateur et patron de Quora), Tasha McCauley (CEO, GeoSim Systems) et Helen Toner (Centre pour la sécurité et les technologies émergentes de l'université de Georgetown).

Photo d'illustration © ink drop- - Adobe Stock