Saga IT : comment IBM a traversé un siècle de technologies

Au début étaient des machines à statistiques, des pointeuses et des balances électroniques, pour quelques millions de dollars de chiffre d’affaires. Un siècle et quelques années plus tard, IBM est devenu une société de conseil et de services dont les revenus annuels avoisinent 70 milliards de dollars. Silicon revient sur l’histoire et la métamorphose du premier géant de l’IT.

Mainframes – PC : la cohabitation

Fin 1983, le ticket d’entrée passe sous la barre des 1000 $ avec l’IBM PC Junior. La machine n’est commercialisée que pendant six mois, minée entre autres par la qualité de son écran et de son clavier, ainsi que des problèmes de compatibilité.

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Un câble adaptateur pour lecteur de cassettes est fourni en option (extrait du manuel technique de référence du PCjr, première édition révisée, novembre 1983).

Entre-temps, la gamme des mini-ordinateurs (entre les mainframes et les micro-ordinateurs) s’est étoffée avec les System/36, compatibles avec les System/34. Les prix vont de 34 000 à 176 000 dollars (système à 26 écrans, 3 imprimantes et un lecteur de cassettes).

La prise de participation dans Intel trouve un prolongement sous la forme d’un accord pour la fabrication de processeurs.

Parallèlement à sa sortie du marché des équipements biomédicaux, IBM se renforce dans les télécoms avec l’acquisition de ROLM Telecom. Il en adopte notamment le système de messagerie vocale PhoneMail.
Concurrencée entre autres par Nortel et AT&T (aujourd’hui Avaya), l’activité sera progressivement cédée à Siemens à partir de la fin des années 80.

L’un des projets « fondateurs » d’IBM dans les télécommunications remonte aux années 30, avec le Radiotype. Un émetteur associé à une machine à écrire électronique permettait de reproduire la frappe sur une autre machine à écrire, située à distance.

L’une des initiatives phares menées dans les années 80 porte l’acronyme PROFS, pour « PRofessional OFfice System ». Le principe : automatiser les processus internes en remplaçant les machines à écrire par des terminaux IBM 3270 (dans un premier temps), puis par des IBM PC.

john-akersLa première station de travail IBM à utiliser l’architecture RISC est lancée en 1986, sous le nom de PC RT.
La même année débute la commercialisation de l’IBM PC Convertible 5140, premier ordinateur « portable » de la marque (il pèse environ 6 kg) à embarquer un lecteur de disquettes 3,5 pouces. Entre-temps, John F. Akers (ci-contre) a pris la suite de John R. Opel à la direction générale.

Un nouveau prix Nobel de physique est attribué à des chercheurs du groupe : Gerd K. Binnig et Heinrich Rohrer. Ils sont récompensés pour leurs travaux sur le microscope à effet tunnel. Ce dernier ouvre la porte aux nanotechnologies en permettant l’étude de surfaces (semi-)conductrices avec une résolution spatiale égale ou inférieure à la taille des atomes.

IBM commence aussi à parler plus ouvertement d’intelligence artificielle. Que ce soit dans le cadre d’un partenariat avec l’université Carnegie-Mellon ou pour l’aide au développement de programmes en cobol.

La lignée des PC s’agrandit en 1987 avec le PS/2. Au démarrage, quatre modèles sont proposés, pour huit configurations allant de 1 695 $ (Model 30 à 8 MHz avec deux lecteurs de disquettes 720 ko) à 10 995 $ (Model 80 à 16 MHz avec deux disques durs 44 Mo).

La même année naît officiellement la Systems Application Architecture.
IBM entend établir par ce biais un ensemble de standards communs à ses différents systèmes d’exploitation pour permettre la conception de programmes capables de fonctionner aussi bien sur des PC que sur des mini-ordinateurs et des mainframes.

Le portefeuille de systèmes d’exploitation s’élargit cette année-là avec OS/2, qui est aux PS/2 ce qu’OS/360 est aux System/360.
D’abord développé avec Microsoft, le système d’exploitation sera repris par IBM seul en 1992 après des désaccords sur son positionnement vis-à-vis de Windows 3.1.

La liste des Prix Nobel de physique de la maison IBM s’allonge avec Johannes Georg Bednorz et Karl Alexander Müller, primés pour leurs travaux sur les supraconducteurs à haute température.