Très haut débit : le G.fast fait ses premiers pas commerciaux à Taïwan

Chunghwa Telecom va être le premier opérateur à déployer le G.fast pour apporter le très haut débit sur paire de cuivre aux résidences. Grâce à une technologie Alcatel-Lucent.

Taïwan va s’inscrire comme la première région à bénéficier du premier déploiement commercial du G.fast. Alcatel-Lucent et l’opérateur Chunghwa Telecom viennent de faire une annonce en ce sens. Cette initiative permettra à « des dizaines de milliers de foyers » de bénéficier du très haut débit sur paires de cuivre.

700 Mbit/s sur 100 mètres

Développé par Alcatel-Lucent, le G.fast (gigabit sur paire de cuivre) est une technologie de vectorisation du signal qui s’appuie sur le VDSL2 pour transporter les données à des débits compris entre plusieurs dizaines de mégabits et 1 Gbit/s selon la distance parcourue (autour de 700 Mbit/s pour 100 mètres, 1,25 Gbit/s sur 70 mètres). Installée sur le « dernier kilomètre », la solution s’inscrit ainsi comme une alternative efficace pour apporter le très haut débit sur les foyers qui, pour des raisons économiques propres aux difficultés de déploiement, ne bénéficient pas du lien optique jusqu’à domicile (FTTH).

Le G.fast a été approuvé par l’UIT (Union Internationale des Télécoms) en décembre 2014 sous la recommandation ITU-T G.9701. Elle est donc applicable potentiellement dans les foyers de la planète équipés d’un réseau téléphonique. « G.fast donnera à l’opérateur la possibilité d’amener le haut débit jusqu’aux zones difficiles d’accès et d’utiliser le dernier kilomètre de l’infrastructure cuivre, qui s’étend jusque dans les bâtiments, afin d’atteindre de très hauts débits, explique l’équipementier. De plus, G.fast annule le besoin de recâbler des maisons et des bâtiments entiers, éliminant ainsi la partie la plus coûteuse et chronophage des déploiements FTTx. » Une alternative particulièrement intéressante pour les villes marquée par une architecture verticale comme c’est le cas à Taïwan.

Des dizaines de milliers de foyers équipés

Chunghwa Telecom, qui déploie un réseau optique jusqu’aux bâtiments des particuliers comme des entreprises, exploitera les technologies GPON et G.fast d’Alcatel-Lucent pour couvrir les quelque 68% de foyers aujourd’hui équipés d’une connexion haut débit dans l’île située au large de la Chine. Soit 8,4 millions de foyers taïwanais. L’opérateur vient donc ouvrir la voie à la commercialisation de cette technologie alternative au tout optique parmi la trentaine d’opérateurs qui testent aujourd’hui le G.fast d’Alcatel-Lucent dans le monde. Sans donner de chiffres précis, l’opérateur entend déployer ses offres G.fast à « des dizaines de milliers de foyers taïwanais lors des deux années à venir » dans les zones résidentielles isolées. La diffusion de contenus vidéo 4K s’inscrit comme la première des applications appelée à soutenir l’usage du très haut débit fixe.

L’opérateur taïwanais n’est pas le seul à s’intéresser de près au G.fast. Au Royaume-Uni, BT a annoncé, fin août, un projet de test grandeur nature auprès de 2000 foyers de Huntingdon, au Nord de Cambridge, qui bénéficieront alors d’une connexion de l’ordre de 500 Mbit/s à termes. En France, alors que le plan THD du gouvernement vise à équiper 80% des lignes en infrastructures optiques à l’horizon 2022, le FTTDP (Fiber to the Distribution Point) qui ouvre la porte à l’implémentation du G.fast, a reçu en mai dernier l’aval du comité technique de l’Arcep, le régulateur des télécoms. Mais aucun projet de test ou déploiement n’a officiellement été annoncé par un opérateur. Au risque d’être perçu comme un frein au déploiement du FTTH ?


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